TPMP supprimée : et si l’émission commençait à nous manquer plus qu’on ne veut l’admettre ?


Le 27 février 2025, la date qui signa l’arrêt de la diffusion quotidienne de Touche pas à mon poste (TPMP) sur C8. Une décision imposée par l’ARCOM qui a divisée.

Malgré un rappel d’un mois sur la chaîne TPMP diffusée par l’intermédiaire des box internet et sur le web (youtube, mycanal, etc…) une drôle de sensation flotte dans l’air.

Un vide. Un creux dans la grille télé, un moment de flottement entre 18h50 et 21h où, il faut bien l’avouer… on s’ennuie.

TPMP supprimée : et si l'émission nous manquait plus qu’on ne veut l’admettre ?
Cyril Hanouna participe, aux côtés du journaliste Radouan Kourak, à la manifestation « Non à la Censure » visant à soutenir la chaîne de télévision C8, devant le siège de l’Arcom à Paris, le 18 décembre 2024. L’ARCOM, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, a récemment décidé de ne pas renouveler l’autorisation de diffusion de C8 sur la TNT en février 2025, suite à ce qu’elle considère comme des manquements, tels que « des violations d’obligations en matière de pluralisme d’information, de maîtrise de l’antenne et de respect des droits des personnes ». Une pétition visant à contrer cette décision a déjà recueilli plus d’un million de signatures. © Jack Tribeca / Bestimage

Un programme clivant, mais vivant

On pourra dire ce qu’on veut sur TPMP. On a tous déjà levé les yeux au ciel devant un clash de plateau ou une prise de parole douteuse. Mais il faut reconnaître à Cyril Hanouna et son équipe, une qualité rare à la télévision française : l’énergie du direct, la spontanéité du débat, et cette impression qu’à tout moment, tout peut arriver.

Chaque soir, plus d’1 million de téléspectateurs en moyenne répondaient à l’appel. Pas seulement pour les buzz, mais aussi pour une forme de liberté de ton, pour des discussions sur l’actualité brûlante, les faits divers, ou des histoires de société qui touchaient au cœur. Une émission imparfaite, mais vivante. Et ça, c’était précieux.

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C8

Le désert du PAF à l’heure de l’apéro

Depuis la fin de TPMP et jusqu’à la période estivale, le paysage audiovisuel français a pris un sacré coup de mou. On a zappé. On a cherché. On a espéré même… Et on tombait sur quoi ? Des talk-shows aseptisés, des sujets légers jusqu’à l’absurde. Mention spéciale à « La grande semaine » sur M6, qui à l’approche de l’été nous demandait de trancher entre sur la sempiternel question « barbecue ou plancha ? ». On était loin, très loin, de la fureur et de la folie d’un TPMP. D’ailleurs, faute d’audience, ce programme a déjà sauté de la grille d’M6…

Même les chaînes historiques comme France 2, ou TF1 dans une moindre mesure, peinent à combler ce vide : des jeux redondants, des magazines polissés, des captations enregistrées, des formats qui n’osent plus rien. La télé en access prime time est en train de devenir une zone grise, un retour en arrière vers une télévision tiède, sans prise de risque, déjà fortement bousculée par Netflix & compagnie…

Concernant les nouvelles chaînes à l’antenne, c’est compliqué comme dirait l’autre. Novo19 n’est toujours pas l’antenne… et T18 semble démarrer très tranquillement avec beaucoup de documentaires très intéressants au demeurant mais bon.

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C8

Le direct de TPMP nous manque

Ce qui manque vraiment ? Le direct, avec tout ce que cela implique : des réactions à chaud, des ratés, des émotions brutes. Dans un monde où tout est filtré, monté, lissé… TPMP offrait une rare échappée vers l’imprévisible. Et c’est précisément ce que les téléspectateurs, surtout les plus fidèles, venaient chercher après une journée de travail.

Aujourd’hui, ils sont orphelins d’un rendez-vous quotidien qui les faisait réagir, râler, rire ou s’indigner. Un rituel télévisuel brisé, sans réelle alternative pour l’instant.

Aussi, TPMP « revient » sous la forme d’un TBT9, mais le direct c’est bel et bien terminé. Nous verrons très bientôt ce que donnera comme sensation le fameux vrai faux « direct différé » que W9 promet à l’ARCOM en guise de garde-fou.

Fin de C8 : une décision qui interroge toujours

TPMP supprimée : et si l'émission commencait à nous manquer plus qu’on ne veut l’admettre ?
Lionel Stan et Cyril Hanouna – Le producteur de télévision français L.Stan et l’animateur de télévision français C.Hanounalors d’une séance devant la commission d’enquête parlementaire sur l’attribution des fréquences TV, à l’Assemblée nationale à Paris le le 14 mars 2024. © Stéphane Lemouton / Bestimage

La décision de l’ARCOM, bien que justifiable sur le fond (certains dérapages n’étaient plus acceptables), pose une vraie question : peut-on dégager une émission aussi populaire parce que son animateur ne « convient plus » ? Et surtout, comment éviter que cette suppression ne transforme la télé française en un marécage de consensus mou ?

On se souvient aussi du drame social qui s’est joué en coulisses. TPMP, ce n’était pas seulement un talk-show : c’était une machine de production lourde, impliquant plus de 400 salariés de C8, sans compter les techniciens, sous-traitants, intermittents du spectacle, maquilleurs, chauffeurs, régisseurs… Tous désormais dans la nature du show-biz après l’arrêt brutal de l’émission quotidienne.

Et maintenant ?

En attendant que TPMP revienne sous la forme d’un “Tout beau tout 9” sur W9 qu’on espère le moins aseptisé possible, le téléspectateur se retrouve à errer dans le PAF, désorienté, zappant entre “4 mariages pour une lune de miel”, “Un dîner presque parfait”, les derniers programme de télé-réalité encore en vie (une mention spéciale à Secret Story sur TF1 qui nous a sauvé l’été quand même), les JT anxiogènes ou encore les talk-show orientés pour les très urbains.

Il reste aux fanzouzes à compter les derniers jours qui les séparent de leur Baba, comme ils aiment à l’appeler, afin de retrouver un peu de cette verve perdue.

Mais une chose est sûre : la télé sans TPMP, c’est comme un apéro sans cacahuètes et sans amis. On peut s’en passer, mais ça perd franchement en saveur.

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