Shein au BHV : les Français sont pour !

Ainsi, la députée macroniste Olivia Grégoire a été vertement reprise sur X (ex-Twitter) après la publication d'un tweet critique contre Frédéric Merlinpropriétaire du BHV. Plusieurs internautes lui ont reproché d'être totalement déconnectée du peuple et de ses intérêts. Parmi ces derniers, Zohra Bitan, bien connue des auditeurs de RMC, qui a publié un long tweet vengeur :

« On ne peut pas d'un côté se lamenter du pouvoir d'achat, encenser des petits commerces aux prix inaccessibles pour les classes populaires, refuser la fast fashion… et ne rien proposer d'autre. L’accès aux vêtements et à la mode, c’est l’accès à l’égalité. La mode n'est pas un privilège réservé aux richesses. Ce temps où les tissus appartenaient à la noblesse est révolu. C'est facile de prendre l'avion quatre fois par mois et de donner des leçons écologiques, pendant qu'on interdit aux pauvres de s'habiller dignement. On leur refuse à la fois le petit commerce et la fast fashion. Autrement dit, on leur refuse tout. Au fond, tout est une question de pouvoir d'achat et comprend l'écologie. Et quand on demande aux pauvres non seulement de rester pauvres, mais en plus d'être écolos, c'est quand même un énorme foutage de gueule. »

D'autres internautes ont répondu que les Français « faisaient ce qu'ils voulaient » de leur argent, que la croisade anti Shein visait à « interdire aux pauvres de s'habiller comme ils veulent », ou encore que le coût actuel de la vie obligeait les Français à avoir recours à Shein, aux tarifs imbattables. L'auteur Marc Vanguard se demandait si « justement », l'arrivée de Shein au BHV n'était pas plutôt une bonne nouvelle pour « nos commerces d'habillement » qui propose enfin des « produits plébiscités par les Français » et accessibles à toutes les bourses. Un autre argument intéressant présent dans les commentaires est que dans les villes de 100.000 habitants, les commerces de vêtements ont déjà été remplacés et ferment leurs boutiques physiques depuis longtemps, bien avant l'apparition de Shein.

Dans le même esprit, sur LinkedInde nombreux professionnels et entrepreneurs ont pris la parole pour dénoncer une forme d'hypocrisie ambiante autour de la fast fashion et défendre le modèle de Shein. Pour Rachida Madani, gérante dans l'immobilier, si l'entreprise chinoise est diabolisée, c'est surtout parce qu'elle « a inventé le modèle que beaucoup rêvent mais ne savent pas ou ne veulent pas adopter ». Elle souligne également le double discours consistant à critiquer Shein tout en épargnant d'autres géants comme H&M.

Même constat du côté de Charles Bensoussan, dirigeant d'une agence numérique, qui déplore qu'en France, « quand l'innovation dérange, on brandit la régulation comme un bouclier », préférant « étouffer plutôt que comprendre ». Thibault Lavielle, entrepreneur à la tête de plusieurs marques de textile, résume le sentiment général d'une formule qui fait mouche : « La croisade anti-Shein n'est pas défense de la planète, mais guerre économique. »

D'autres voix, comme celle d'Océane Savoy, spécialiste en prospection commerciale, estiment que Shein est « puni pour avoir poussé l'innovation trop loin », tandis que Seddik Belalit, professionnel de la formation, dénonce un « favoritisme pur et simple » envers des marques comme Zara, H&M ou Kiabi. Enfin, Sofia Hilali, stratégie numérique, a mis le doigt sur un point sensible : selon elle, l'hostilité envers Shein n'a rien d'éthique et s'apparente davantage à une lutte de pouvoir. « Pour certains, l'enjeu n'est pas l'environnement, mais le contrôle du marché », écrit-elle, souligné que « H&M, Zara ou Zalando ne sont pas français, mais cela semble moins grave parce qu'ils ne sont pas asiatiques ».

Le sondage BVA : entre illusions et contradictions

Un récent sondage BVA consacré aux géants chinois de l'habillement vient confirmer cette fracture entre discours et réalité. Interrogés sur leurs habitudes d'achat, plus de la moitié des Français affirment acheter principalement des vêtements « fabriqués en France ou en Europe ». Une affirmation plate, mais trompeuse : environ 95 % des vêtements vendus dans l'Hexagone sont produits à l'étranger, et près de 70 % proviennent de Chine. Cet écart colossal met en évidence une méconnaissance du consommateur quant à l'origine réelle de ses vêtements, ainsi que la distance entre les intentions éthiques et les comportements d'achat.

Selon Mathieu Gallard, directeur d'études chez BVA, il ne faut pas y voir une hypocrisie consciencieuse : « Les consommateurs subissent des pressions contraires. D'une part, celle du pouvoir d'achat, et d'autre part, celle d'une société où il est valorisant de changer régulièrement de garde-robe. » Sans surprise, le prix arrive en tête des critères d'achat (62 %), devant la qualité (58 %) et la durabilité (32 %).

Cette tension est encore accentuée par la nouvelle taxe de 2 euros sur les colis importés hors Union européenne, applicable dès 2025. Si certains médias la présentent comme une mesure ciblant Shein ou Temu, elle concerne en réalité tous les colis étrangers d'une valeur inférieure à 150. euros. Chaque article contenu dans un colis sera soumis à cette taxe, avant l'application de la TVA. Une mesure qui, loin de pénaliser uniquement la fast fashion chinoise, impactera directement le pouvoir d'achat des Français, qu'ils commandent sur des plateformes asiatiques ou européennes.

En somme, le sondage BVA illustre une vérité dérangeante : les Français se disent attachés à une consommation responsable, mais leurs achats traduisent avant tout une urgence économique. Entre les beaux discours sur l'écologie et la contrainte du porte-monnaie, Shein et les autres géants du low-cost semblent avoir encore de beaux jours devant eux.

Une proposition jugée « lunaire » : Philippe Juvin sous le feu des critiques

Comme si la polémique ne suffisait pas, une nouvelle proposition politique a enflammé les réseaux. Sur X, de nombreux internautes ont relayé une séquence diffusée sur LCP où Philippe Juvin, député Les Républicains, suggestions de taxer à hauteur de 50 euros les petits colis issus de plateformes comme Shein. Une idée immédiatement ferroviaire en ligne et qualifiée de « lunaire ».

Les internautes n'ont en effet pas tardé à souligner le caractère déconnecté et disproportionné d'une telle mesure, qui reviendrait à faire payer plusieurs fois la valeur même des produits achetés. Beaucoup y ont vu une énième illustration d'une classe politique coupée des réalités du pouvoir d'achat, cherchant à punir les consommateurs plutôt qu'à proposer des solutions structurelles. Dans un contexte déjà tendu, cette proposition de taxe à 50 € a renforcé le sentiment qu'entre indignation morale et mépris économique, certains élus ont décidément perdu tout sens des priorités.

Shein n'en fini plus d'alimenter les passions. Mais l'agenda politique de nos députés est aujourd'hui occupé par d'autres affaires bien plus pressantes qu'empêchent les entreprises de travailler et réduisent le pouvoir d'achat des Français, au regard de l'instabilité majeure qui frappe nos institutions. Peut-être est-ce de cela dont Olivia Grégoire, Philippe Juvin et tant d'autres devraient se préoccuper…

Mentionnés dans cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut