Benoît Magimel : conduite sans permis, délit de fuite, cocaïne, cette affaire qui aurait pu lui coûter sa carrière

Ce 14 novembre 2025, Rediffuse TFX La vie est un long fleuve tranquillela comédie culte d'Étienne Chatiliez. En 1988, un garçon de 13 ans et ses premiers pas au cinéma : Benoît Magimel, pseudonyme « Maman« Groseille. Le film devient un phénomène, et le gamin découvre le vertige de la célébrité.

Trente-sept ans plus tard, il est l'un des acteurs les plus respectés de sa génération. César du meilleur acteur à deux reprises (De son vivant, Pacification), prix d'interprétation masculine à Cannes pour Le Pianiste de Michael Haneke en 2001, César du second rôle verser La Tête haute en 2016…

Une filmographie impressionnante, ponctuée de rôles intenses et d'une sensibilité rare. Mais derrière la lumière, la star a connu des années plus sombres. En 2016, il vit une descente aux enfers dont il mettra longtemps à se relever.

2016 : le passage à vide

Le vendredi 11 mars 2016tout bascule. À Paris, boulevard Exelmans, Benoît Magimel renverse une femme de 62 ans alors qu'il conduit une voiture de location — sans permis. Il est immédiatement placé en garde à vue pour délit de fuite, blessures involontaires et conduite malgré annulation du permis. Les analyses révèlent des traces de cocaïne dans son organisme. La victime, blessée aux jambes, est hospitalisée. L'acteur, lui, reconnaît « une grosse imprudence« . Au tribunal, il raconte : « J'ai cru que je lui avais roulé dessus. J'étais catastrophe« .

Il nie toutefois avoir pris la fuite : « Je suis revenu après avoir garé ma voiture, j'étais en état de choc« . Condamné en appel à 5 000 € d'amende pour l'accident et 1 200 € pour conduite sous stupéfiants, il reconnaît alors sa dépendance : « Ce n'est pas une consommation festive. Je consomme seul, avec beaucoup de honte ».

Mais le pire est encore à venir. Le 18 septembre 2017il est de nouveau interpellé à Paris, au volant d'une voiture roulante à contresensen compagnie d'un autre homme. Les policiers se trouvent sur lui des pochons d'héroïne. Devant le tribunal, il avoue consommer cocaïne et héroïne depuis avril 2016tout en confiant avoir commencé « vers l'âge de trente ans ». Il explique avoir contacté un dealer pour acheter de la cocaïne « moyennant 200 euros ».

Benoît Magimel en lutte

Le contrôle salivaire est négatif, mais les urines sont positives aux opiacés. Le tribunal correctionnel de Paris le condamne à trois mois de prison avec sursisavec obligation de soins pendentif dix-huit mois. Son avocat, Me Pascal Garbarini, plaide la souffrance : « C'est une lutte de tous les jours. Il consulte, il est sous traitement. Quand il craque, il se drogue chez lui, seul, dans l'angoisse ».

Dans quelques mois, l'acteur césarisé devient le symbole du comédien à la dérive. Certains journaux évoquent « une chute libre« . En plein tournage du film Carbone d'Olivier Marchal, il tente de se reconstruire, loin des plateaux.

Il lui faudra des années pour retrouver l'équilibre. Benoît Magimel décide de se soignersuivre un traitement de substitution et assister régulièrement aux réunions des Narcotiques Anonymes. « Je prends un traitement et je vois un médecin spécialisé. Parfois il y a des chutes, mais j'essaie de tenir » dit-il en 2024 dans « Les rencontres du papotin« , sur France 2.

Ce combat, il l'assume publiquement. Dans ses interviews, il évoque sans détour la honte, la solitudemais aussi le besoin d'être aimé : « S'il n'est pas aimé, il ne tourne pas »avait confié son avocat au tribunal.

Sa renaissance grâce au cinéma

Cette fragilité, il la transforme peu à peu en force. Après plusieurs années de silence, il revient devant la caméra dans De son vivant (2021), d'Emmanuelle Bercot, puis dans Pacification d'Albert Serra (2022). Les critiques saluent une interprétation bouleversanted'une sincérité brute. Le public, lui, redécouvre un comédien au regard abîmé, habité par ses failles.

César du meilleur acteur deux années consécutives, Benoît Magimel retrouve enfin la reconnaissance qui l'avait sauvé jadis… sans le détruire cette fois.

Parce que Benoît Magimel a grandi trop vite. Révélé à 13 ans, il quitte l'école à 16 pour tourner. À 20 ans, il enchaîne les films, travaille avec Claude Chabrol, Nicole Garcia, Michael Haneke. La gloire arrive sans qu'il ait eu le temps d'apprendre à la gérer.

Les tournages, les amours tumultueuses, les nuits blanches : l'acteur se perd dans une spirale où la drogue devient un refuge. Fils mon ami Saïd Taghmaoui se souvient même d'une expérience malheureuse au début des années 1990 : « Benoît m'a convaincu d'essayer l'héroïne, une seule fois. Je n'ai jamais recommencé ».

Lui, en revanche, mettra longtemps à s'en défaire. Aujourd'hui, il se tient à distance des paradis artificielsconscient d'avoir frôlé l'irréparable. À 51 ans, l'acteur le dit sans détour : « Je n'ai plus peur de tomber, parce que je sais me relever ». Dans Le Parisienje confie : « C'est derrière moi. On ne peut rien faire par rapport à ça. Quand le mal est fait, il est fait ».

Hits & People en continu

Radio publique

Mentionnés dans cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut